Par Paul Gains
Malgré un grand nombre de modifications au parcours par la construction au Parc Jean-Drapeau, le Banque Scotia 21k de Montréal attire encore cette année un peloton de bons coureurs ayant des visées sur les nombreuses bourses, des points importants pour le Circuit de course du Canada et un bon défi de début de saison.
L’épreuve montréalaise est la deuxième de huit courses du Circuit de course du Canada en 2018.
Les deux champions en titre du Circuit, Tristan Woodfine et Leslie Sexton, seront parmi les favoris, les deux athlètes ayant bien amorcé la saison 2018 avec des victoires au 8km Race Roster Spring Run-Off le 7 avril dernier.
Du côté masculin, l’international canadien Kip Kangogo traversera le pays pour livrer la lutte à Woodfine ainsi qu’au champion de l’édition 2017 de Montréal, François Jarry.
Le sympathique Jarry, étudiant à l’université McGill, n’aura qu’à prendre le métro pour se rendre à la ligne de départ. En dépit de l’admiration et du respect qu’il porte à ses rivaux, François n’a pas l’intention d’être trop généreux envers les visiteurs. N’ayant rien à perdre, il se trouve dans une position de négligé face aux favoris Woodfine et Kangogo. Et c’est ce qui peut parfois faire ressortir le meilleur d’un athlète.
Dans l’épreuve féminine, Sexton sera talonnée par celle qui l’a suivie au deuxième rang à Toronto. Laura Desjardins, une chiropodiâtre, prend son pied, c’est le moins qu’on puisse dire, dans les épreuves de longue distance. Une autre concurrente à surveiller, inscrite au dernier moment, sera Sasha Gollish. Contrainte à l’abandon lors du 8km de Toronto, la médaillée du 1500 mètres des Jeux panaméricains a déjà fait ses preuves sur les distances plus longues et sera dure à battre si elle est en possession de tous ses moyens.
Les Élites à surveiller:
Tristan Woodfine, 24 ans, indépendant, Cobden, Ontario
Le champion en titre du Circuit de course du Canada, Woodfine préconise présentement un volume plus élevé d’entraînement dans sa préparation pour le Marathon Scotiabank d’Ottawa le 27 mai prochain. Dans une semaine d’entraînement plus légère, ce fut une belle surprise pour lui de remporter le 8km Race Roster Spring Run Off à Toronto. Woodfine détient un record personnel de 1h05.28 au demi-marathon.
Woodfine n’aspire pas à un chrono rapide sur le parcours montréalais, surtout depuis l’ajout de plusieurs virages. Étudiant au Collège de Santé et Technologie de l’Ontario, il souhaite devenir ambulancier paramédical.
“Ce sera beaucoup plus pour déployer un gros effort à cinq semaines du marathon d’Ottawa”, explique-t-il. “Je ne suis pas certain qui sera de la course mais s’il y a une bonne compétition cela ajoute au plaisir de courir. L’objectif numéro un est de donner un gros effort en préparation pour Ottawa et s’il y a des coureurs rapides c’est un boni. ”
“J’ai affronté Kip (Kangogo) quelques fois. Il est présent sur la scène canadienne depuis plusieurs années et il est toujours un athlète compétitif. Je ne sais pas si j’ai déjà couru contre François (Jarry), mais n’importe qui peut connaître une bonne course un jour donné et il faut sortir avec l’idée de faire de son mieux et voir où cela va vous mener.”
Leslie Sexton, 30 ans, London Runner, London, Ontario
En octobre 2017, Sexton était couronnée Championne canadienne du marathon malgré une blessure qui avait retardé son début de saison. Présentement en pleine forme, comme elle l’a démontré lors de sa première victoire de l’année à Toronto, elle est maintenant prête au test du demi-marathon. Améliorer son record personnel de 1h13.13 n’est peut-être pas dans les cartes, en raison des nombreux changements sur le parcours du Parc Jean-Drapeau.
Sexton est plutôt motivée par la possibilité d’ajouter des points au classement du Circuit de courses du Canada à Montréal. Encore plus, elle insiste sur l’importance de voir si son volume d’entraînement élevé sera bénéfique. Cette course fait donc partie d’un plan plus général.
“Je dirais que même sans les points du circuit, je participerais à plusieurs courses du circuit de toute façon,” avoue Sexton. “Il s’agit d’une belle occasion de remporter une bourse en argent et me faire connaître un peu plus. Cette année, j’ai l’intention de participer à cinq ou six courses et peut-être demeurer dans la lutte pour le classement général du circuit encore cette année.
“Le plan pour ce printemps n’est pas de courir un marathon mais de travailler à mon demi-marathon et mon 10 km. La date de Montréal au calendrier était bonne pour un objectif au demi-marathon me donnera trois semaines avant les championnats de 10 000 mètres sur piste de l’Ontario. Je n’ai pas couru sur le parcours de Montréal depuis 2012 (elle était 2ème) et c’était alors un Championnat canadien. Même avec la construction autour, je pense pouvoir obtenir un temps rapide.”
Kip Kangogo, 38 ans, Lethbridge, Alberta
Toujours un fort compétiteur sur les routes, le Canadien d’origine kényane est le plus rapide sur papier avec un record personnel de 1h03.22, réalisé au Scotiabank Vancouver Half Marathon de 2011. Le printemps dernier, Kip avait aussi remporté le titre de champion canadien au Demi-marathon de Calgary. En 2016, il avait remporté la victoire au 21k Scotia de Montréal.
Ces jours-ci, il travaille six heures par jour pour la commission des écoles du District de Lethbridge, ce qui lui permet du temps avec son épouse et ses deux jeunes enfants en plus de pouvoir s’entraîner. Ayant changé d’entraîneur, il exécute les entraînements preparés par le coach kényan Matthew Cheriuyot. Il est aussi un athlète de l’équipe Skechers Performance du Canada.
“Je veux un bon test pour débuter ma saison et Montréal est un bon endroit pour le faire,” dit-il. “J’y suis déjà allé en 2016 et c’est un bon endroit. Ç’a été un hiver difficile mais j’ai bien hâte de voir où en est ma forme en ce début de saison. ”
Sasha Gollish, 36 ans, University of Toronto TC, Toronto, Ontario
Arrivée tardivement à la course de fond, la candidate au doctorat en Génie excelle des épreuves du 1500 mètres au demi-marathon.
En 2015, elle remportait la médaille de bronze du 1500 mètres des Jeux panaméricains. Elle a aussi à sa fiche un record personnel de 1h11.05 au demi-marathon, ce qui la situe au 3ème rang de tous les temps au Canada. Plus récemment, elle a été la meilleure Canadienne des championnats du monde IAAF de demi-marathon à Valence, terminant 30ème en 1h11.52. Malade, elle devait abandonner lors du 8km Race Roster Spring Run Off mais elle est maintenant prête à rejoindre l’élite du peloton de Montréal.
Francois Jarry, 24 ans, Athlétisme Ville-Marie, Montréal, Quebec
Il y a un an, cet étudiant de l’université McGill émergeait comme l’un des bons jeunes coureurs du Québec en remportant 21k Banque Scotia de Montréal en 1h07.23 en terminant par la suite au 4ème rang des championnats canadiens de Demi-marathon à Calgary. Remporter la course de Montréal devant ses amis et supporteurs fut, dit-il, ‘’une de mes plus belles réalisations.’’
Suite à cette victoire, François a été récompensé en étant nommé parmi les athlètes Skechers Performance du Canada comme son rival Kip Kangogo. À l’évidence, il voue un énorme respect au champion canadien.
“Oh, est-ce qu’il sera là ? Je le connais. Je n’avais pas encore vu la liste de départ. Et bien s’il est là, ce ne sera pas facile,” dit Jarry en riant. “Je l’ai vu à Calgary l’année dernière et je sais qu’il est pas mal rapide. S’il est dans la forme habituelle, j’aurai besoin d’un gros ‘pb’ pour avoir une chance contre lui.
“J’avais un bon volume d’entraînement récemment mais cela vous rend plus vulnérable à la maladie. J’ai été malade durant la période de Pâques j’ai dû prendre une pause de près d’une semaine. J’espère que je pourrai garder la forme, ça pourrait être un grande course.”
Anne-Marie Comeau, 21 ans, Université Laval, Québec
En grandissant à Mont Ste-Anne, Comeau a été amenée au ski de fond en bas âge et a participé à de nombreuses compétitions internationales au cours de son adolescence. Mais lorsqu’elle est entrée à l’université Laval en sciences comptables en 2015, elle passa beaucoup plus de temps à la course en cross-country et représentait l’équipe universitaire du Rouge & Or.
Malgré cette absence fréquente des activités de son premier sport au cours des deux dernières années, Anne-Marie a tenté ultimement et avec succès un dernier coup pour se qualifier pour les Jeux olympiques d’hiver de 2018.
“J’ai couru en cross-country durant tout l’automne,” dit-elle. “Je courais beaucoup mais je ne m’entraînais pas tant que ça pour le ski et je me suis étonnée. J’étais en bonne forme et prête pour les Jeux olympiques.
“Le ski de fond est très bon pour la course mais la course est aussi bonne pour le ski. Quand je fais les deux, je me sens bien pour les deux. En ski, j’ai moins de blessures qu’à la course. Les blessures les plus sérieuses en ski sont les tendinites aux épaules. J’en ai eu une il y a deux ans, parce que la double poussée est très dure pour les épaules. Par contre, on n’a pas de blessures aux pieds ou aux genoux.
“Ce sera ma première expérience au demi-marathon. Comme c’est ma première, je ne sais pas trop comment voir cette course, à quelle vitesse je démarrerai. Je ne veux pas partir trop vite parce que je ne sais pas ce que je peux maintenir sur 21 km. J’aimerais bien courir sous 1h20 ou 1h19 mais je ne sais honnêtement pas ce que je peux faire. ”
Laura Desjardins, 29 ans, Newmarket Huskies, Toronto, Ontario
Desjardins en a étonné plusieurs en terminant au 2ème rang lors du 8 km Race Roster Spring Run Off, un résultat qui l’a mis en confiance avant le 21k Banque Scotia de Montréal. En octobre dernier, elle a fait ses débuts au demi-marathon à Toronto en 1h17.24.
“Je sens que j’ai appris quelque chose lors du 8km de Toronto. Préparation, affûtage, nutrition, repos, éléments de récupération,” dit-elle. “J’ai appris de ça et je pense que ça va m’aider pour le demi de Montréal.
Sous la direction du réputé entraîneur de fond Hugh Cameron, elle a augmenté son entraînement de manière significative cet hiver en vue de la saison de compétitions. Programme d’entraînement réalisé tout en poursuivant son travail chez Premier Footworks à Mississauga.
“Je suis relativement nouvelle sur l’entraînement de fond et c’est ma première année avec un plus gros volume et plus de kilométrage, en plus de mes heures de travail par semaine,” explique-t-elle. “Ça m’a demandé une adaptation.”
“Je m’habitue à ce volume et cette intensité à l’entraînement et je veux voir où j’en suis. C’est une sorte d’année d’expérimentation avec différentes distances et voir comment mon corps s’adapte à ces courses. Il n’y a pas de courses de qualification pour des épreuves mondiales. Le demi-marathon Scotiabank de Toronto et le championnat canadien de 10 km à Ottawa seront les plus importantes.”